C’est avec un immense soulagement et une fierté légitime que l’association « Cri du Vent » annonce aujourd’hui l’abandon officiel du projet éolien de Sainte-Colombe, porté par la multinationale BayWa r.e.
BayWa r.e. jette l’éponge face à la mobilisation et à la raison. Victoire pour nos paysages & la biodiversité. Ce projet, que nous avons combattu sans relâche, ne verra pas le jour. Notre horizon restera libre, notre santé préservée et la nature, intacte.
Soulagement de toute une vallée. Cette décision marque la fin d’une période d’angoisse pour les habitants. Les nouveaux propriétaires, fraîchement installés en quête de sérénité, peuvent enfin souffler. Les anciens, qui craignaient de voir la valeur de leur patrimoine s’effondrer pour enrichir des intérêts extérieurs, retrouvent la paix. Il n’y aura pas de perdants, pas de maisons bradées, pas de nuisances sonores ou visuelles venant troubler notre quotidien.
Des motifs officiels… et la réalité du terrain. Pour justifier ce retrait, le promoteur invoque trois raisons techniques : un manque de rentabilité lié à la faiblesse du vent (un comble pour un projet éolien !), la présence d’espèces rares endémiques et l’existence de zones humides riches en biodiversité.
Si nous nous réjouissons que BayWa r.e. reconnaisse enfin la richesse écologique de notre territoire, permettez-nous d’accueillir cette soudaine « conscience verte » avec un certain scepticisme. Nous savons trop bien que ces nobles arguments sont souvent balayés par les promoteurs éoliens qui n’hésitent pas à faire des demandes de dérogations pour obtenir le « droit » de détruire des espèces protégées, en voie de disparition.
Le véritable verrou : le courage des propriétaires.
Au-delà des contraintes techniques, la quatrième raison de cet abandon – sans doute la plus décisive – est humaine. C’est le verrou foncier. Ce projet s’est heurté à un mur : le refus catégorique de certains propriétaires fonciers de céder aux sirènes du profit facile.
En refusant de vendre des droits de passage ou de louer leurs terres, ils ont rejeté l’appât du gain immédiat pour éviter une destruction irréversible. Ils ont évité l’ambiance délétère entre propriétaires fonciers percevant les dividendes et ceux qui subiront les nuisances et la perte de valeur de leurs biens. Ils ont préféré préserver un environnement et une biodiversité exceptionnelle à transmettre aux générations futures. Ils ont compris que l’argent ne remplace pas ce qui fait notre véritable richesse commune. Cet acte de résistance est tout à leur honneur.
Le Cri du Vent : Notre association revendique fièrement son rôle de lanceur d’alerte. Quand on a la chance de vivre au cœur d’une telle beauté environnementale, l’habitude finit parfois par nous rendre aveugles. Nous ne savons plus apprécier ce que nous avons sous les yeux. Le Cri du Vent a travaillé pour réveiller les consciences, pour rappeler que notre cadre de vie est précieux et fragile.
Ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain Certes, notre région est moins favorisée économiquement que certains pôles industriels. Mais ne nous y trompons pas : ces « ailleurs » dégradés, avec leurs nuisances et un coût de la vie souvent exorbitant, ne sont pas un modèle absolu. Accepter l’industrialisation de nos campagnes de cette manière, c’est sacrifier notre atout majeur sans pour autant garantir un mieux-vivre.
Aujourd’hui, nous avons prouvé que la préservation de notre patrimoine naturel est le socle de notre avenir. La lutte a payé. Merci à tous ceux qui ont tenu bon.
Le projet de TotalEnergies à Corbières 11230, étant donné sa proximité géographique et faunistique, présente les mêmes contraintes « techniques » (un manque de rentabilité lié à la faiblesse du vent, la présence d’espèces rares endémiques et l’existence de zones humides riches en biodiversité). Par contre, les facilités d’accès accordées par une municipalité en pleine contradiction intellectuelle (elle est contre les éoliennes sur son territoire, mais pour le fric que rapporteraient des éoliennes à la limite de ce territoire) font la différence. Elle est par conséquent favorable aux nuisances, visuelles, sanitaires (infra-sons). Elle est favorable à la décote massive des biens immobiliers de ses administrés. Elle est indifférente à la destruction de la faune rare et protégée qui fait la richesse et l’intérêt touristique de ses abords. Il y a des choix « politiques » qui conditionnent la vie, le bien-être, l’avenir, sur des durées bien plus longues qu’un simple mandat électoral municipal de 6 ans, même renouvelé plusieurs fois… Que cela soit dans « La poule aux œufs d’or » ou dans « La cigale et la fourmi », Jean de La Fontaine nous a bien démontré que le choix du profit immédiat est presque toujours ruine définitive. Dans « Le laboureur et ses enfants », que le vrai trésor est dans le travail patient plutôt que dans la richesse immédiate (toute relative en l’occurrence !). Dans La Cigale et la Fourmi », que l’insouciance du présent mène aux conséquences funestes et néfastes futures. À méditer…